Dans l’anti-Atlas, les éléments se dressent contre nous. Alors que nous rêvions en secret d’une longue et progressive descente depuis les hauteurs jusque dans la plaine, des montagnes dénudées nous font face. Dans ce désert de pierres et de poussières, le vent se lève et nous tient tête. Avec la bise matinale, vient le froid saisissant qui glace nos organismes mis à rude épreuve. La nourriture hypocalorique ne rassasie plus nos corps à la peine.
Mener notre équipage devient une gageure. Le ventre de Coline fait encore des siennes. Amandine et Simon s’épuisent de montées en montées. Après une bourrasque, Marie-Hélène craque, désespérant de ce vent qui n’en finit pas de forcir. Nos montures aussi donnent des signes de fatigue mais résistent. Une fois n’est pas coutume, les montagnards que nous sommes seront heureux de retrouver le plat pays de Taroudant.

Nous nous réfugions dans quelques auberges, cafés et ménageons des pauses plus précoces. Nous puisons de nouvelles forces dans notre rapport aux autres. Le thé que nous offre Samira réchauffe nos cœurs. Le coucou de Rizlaine égraine nos doutes. La soirée chez Abdourahmane, le cultivateur de safran, fleurit notre parcours. Lui est heureux de ce froid tardif qui fait germer ses bulbes de crocus juste avant l’arrivée de l’hiver. Au petit matin, tout le village descend au pas de course pour récolter les précieux pistils. Cet or rouge fait vivre toute la région jusqu’à Taliouine qui polarise les stocks. Le kilogramme d’épices y est vendu entre 2500 et 4000 €. « L’épice le plus cher du monde » nous dit-on.
Mais combien gagne réellement sur ce prix le paysan qui, après avoir transpiré sur son araire et jour après jour canalisé l’eau vers ses carrés, s’est gelé les mains à la cueillette, ? Il en va de même avec la suave huile d’argan qui se vend une fortune en cosmétique… Alors que les éparses bosquets d’arganiers semblent surtout ravir les chèvres qui dévorent feuilles et noix jusqu’au faîte des arbres. La chaîne de valeurs de ces denrées agricoles d’exception ne semble pas très équitable ! Au lieu d’être le fruit du développement de ces zones de montagnes isolées, l’injuste économie agraire provoque l’exode rural et dépeuple les petits bourgs ruraux. Un phénomène similaire se reproduit un peu partout dans le monde, qui engendre la faim des petits producteurs.

Arrivés dans la plaine du Souss, nous retrouvons de grands domaines agricoles privés, dont la vocation est d’exporter des agrumes, raisins et huile d’olive vers le marché européen. On y fore des puits de plus en plus profonds, atteignant déjà la limite de salinité des eaux, alors que le réchauffement climatique amenuise le renouvellement des réserves hydriques de la nappe phréatique qui s’épuise.
Le soir venu, nous échangeons avec Ahmed sur cette réalité économique : « L’absence de régulation des prix de marché ne laisse aucun espoir aux modestes paysans de s’en sortir dignement ». Il nous explique que cette année encore, les cultivateurs vendront leurs courges à perte, car le volume de production n’a pu être maîtrisé. C’est la loi du marché ! Une loi injuste n’est pas une loi, c’est un jeu de dupe !
A l’instar du petit prince dans son jardin de rose, je me dis que le monde de l’argent n’a décidément rien compris au parfum des roses, aux saveurs safranés, aux délices de l’argan. Comme l’effort produit pour avancer embellit finalement nos découvertes, c’est le temps qu’il a fallu à des générations d’hommes attentionnés pour apprivoiser leur terre qui fait la valeur de ces terroirs d’exception. Un patrimoine agraire dont il faut préserver la valeur, unique au monde.

Bon courage, en Mauritanie, c’est plat. Je vous admire, c’est super! J’espère que les enfants vont bien supporter.
A bientôt pour vos prochaines nouvelles; André
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Amandine, Coline, Simon, Marie-Hélène, Yannick,
Nous pensons de tout cœur à vous 5 et à chacun.
Bon courage à vous, prenez le temps qu’il faut pour ménager vos cœurs, vos corps et vos équipements et adoucir les tensions nerveuses.
Nous vous envoyons tous nos sourires, nos applaudissements, nos sincères et amicales pensées, nos embrassades…
On souffle dans votre dos, on est avec vous !
La famille Pailhasse.
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Dommage une mauvaise manip informatique lors du précédent commentaire…
Pourtant impossible de ne pas envoyer tout notre soutien à chacun de vous 5 en ces moments difficiles que vos corps, vos coeurs et vos équipements manifestent.
Allez Amandine, allez Coline, allez Simon, allez Marie-Hélène, allez Yannick, on vous sourit, on vous applaudit, on vous embrasse et on souffle dans votre dos…
Toutes nos chaleureuses et sincères pensées pour tous et chacun !
Merci encore et toujours pour votre générosité de partage et de transmission.
Le retour aux beaux jours est tout proche…
La famille Pailhasse.
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Yannick, merci pour cette page de votre périple. Elle dévoile sans fard son côté éprouvant et révèle aussi la face cachée d’un monde où la beauté de la nature est mise à rude épreuve par les dérèglements radicaux, qui ne sont pas que climatiques . Puisse la chaleur des rencontres humaines vous accompagner . Trouvez le temps et les moyens de vous refaire et que santé et courage vous tiennent. Il y a une réussite au bout de chaque jour que vous vivez; Vous avez déjà accompli un exploit extraordinaire. Dieu vous garde! je vous embrasse.
Yves
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Coucou c’est Cleoh. Je passe de bonnes vacances de la Toussaint. J’espere que vos vacances à vélo se passent bien aussi. Bisous à vous 5.
On vous envoie plein de courage, dans quelques mois, à votre retour, vous oublierai ces moments difficiles et ne vous souviendrais que des belles rencontres et des bons moments, et les difficultés Que vous aurez franchisses vous permettrons de ne jamais renoncer face aux embuches de la vie. Vous nous faites rever. À très bientot.
Les pobe croisé à Ribadesella, España!
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Merci pour vos nouvelles. Ce sont des moments inoubliables pour vous et les enfants. On suit votre épopée, on vous admire et vous encourage.Nous quittons Madagascar aujourd’hui. Cécile et moi vous embrassons. pompon
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